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Nabe le maudit

Publié le par Nouvelles du silence

 

 

La psychanalyse, c'est la solution finale de l'art.

 

Le fils, c'est la seule zone érogène de la mère.

 

Il ne faut jamais avoir le sens de la mesure. Sauf en jazz.

 

Admirez donc n'importe quoi pour vous faire la main : une pomme de terre ou un teckel, deux arbres ou votre main, un vase, six couleurs... Jusqu'à en devenir maboul d'idolâtrie. Évanouissez-vous devant un vieux bidon rouillé et sachez, pendant votre syncope sacrée, que le monde entier n'existe plus et ne veut plus rien dire sans ce bidon extasiant. Sans vous, par votre extase, vous annulez le monde : comment s'étonner qu'il condamne vigoureusement un aussi dangereux rival que ce bidon ? Entre le monde et les objets de vos extases, ce sera une lutte à mort, dont — soyez-en certains — le monde sortira vainqueur.


Ah ! le vingtième siècle, c'était quelque chose, tout de même !

 

Chaque être humain a une armée effective de plus de dix mille hommes qui défendent ses défauts. Chaque rencontre est un vaste champ de bataille pour d'immenses Waterloo ou Austerlitz. Tout est stratégie et carnages. En échangeant quelques mots, on provoque des affrontements napoléoniens, des guerres de Cent Ans de quelques minutes en se serrant la main.


Chacun mes goûts.

 

Je serais curieux de savoir le nombre d'enfants appelés Adolf après 1945

 

Je donnerai trois mille cinq cents Flaubert pour un demi-Barbey d'Aurevilly

 

Il n'y aurait eu qu'un seul type capable de comprendre Finnegans Wake, c'est Harpo Marx.

 

Le plus grand écrivain italien de tous les temps s'appelle Carlo Emilio Gadda.

 

Je n'adhérerai au surréalisme que lorsque je verrai Mein Kampf illustré par Chagall.

 

Ce n'est pas parce qu'on a fait l'amour qu'on a gardé les cochons ensemble.



Léon Bloy, ce sont des yeux de vache très intelligente, parce que le train qu'elle regarde passer est celui de toute la bêtise du monde.

 


Quand on aime une femme, on n'a plus besoin d'amis. Quand on est deux, authentiquement deux, rien ni personne ne peut vous déranger. Le chiffre deux ne craint plus rien, pas même le chiffre trois.

 

Ce n'est pas du socialisme qu'il faut être déçu, mais de la Révolution française. Je suis un déçu de la Révolution française.

 


Proust est le José Lezama Lima du boulevard Haussmann.

 

 

Tous les cœurs mis à nu m'ont l'air attifés de leur garde-robe la plus complète.

 


Toujours prendre un écrivain au premier degré : c'est là qu'il se cache.

 

 

Dès que j'entends le mot « revolver », je sors.

 


Il faut trouver en soi la force qui nous pousse au rebours d'une vie inepte.

 

 

Pour être en avance sur son temps, il faut être en retard sur sa modernité.

 

 

Chamfort est le roi de l'aphorisme. Il n'y a pas mieux. Si Lautréamont n'a pas renversé les aphorismes de Chamfort, c'est qu'ils étaient déjà renversés, ou irréversibles, c'est-à-dire déjà tragiques.

 

 

Le surréalisme était le mouvement le plus gamin, le plus ridicule du monde. Une brouette de hochets pour des gosses dans un parc, casse-couilles chinois, jeux de sable, pâtés entamés... Aucune philosophie, aucune métaphysique, aucune mystique. Jeux de mots écrasés dans l'esbroufe, mécanisme, apologie du banal et dérapages contrôlés. Tout cela mené tambour battant par cet assassin de suicidaires : André Breton.

 

 

Goya ? C'est les tentations de saint Antoine sans saint Antoine ! Mais c'est aussi Fragonard aux enfers, Guardi en gros plan, Edgar Poe chez Ovide, Frankenstein dans les dentelles, Rouault sans Dieu, Guignol dans la bande à Bonnot, Gainsborough au Goulag, Manet à La Villette, Géricault dans le boudoir, Van Dongen chez Agrippa d'Aubigné, Daumier montant la fée Carabosse, Hogarth dans une arène, Gen Paul à la Bérézina, Redon au bal masqué, Faust soldat !... Goya, Goya, c'est les tables qui tournent, les éventails, la novillada et le poteau d'exécution !... Bowling des décapités ! Sardines dans le charbon ! Marquises d'outre-tombe ! La terreur en pleine magie noire ! Rixes à Cythère !...

 


L'amour n'empêche pas les sentiments.

 


Nous sommes tous les allégories des grands livres. Un tel refait Moby Dick sans le savoir, un autre vit comme don Quichotte, un troisième visite Lilliput trois fois par jour...

 


Il ne faut pas croire que l'habit ne fait pas le moine, que tout dépend de l'être. Plus j'étudie les hommes, plus je peux donner un portrait robot du ringard absolu. Le formidable du ringard, c'est qu'il se pose sans distinction sur les tics les plus éculés de la vieillerie insoutenable comme sur les derniers cris de l'ignominie moderne. Il existe des vêtements, des gestes, des meubles, des physiques, des mots et des objets incorrigibles, tout un capharnaüm de la ringardise absolue et sans appel. Il y a certains anoraks dont l'horreur minable est impossible à transcender : leurs habitants se condamnent pour toujours. Et tout se tient. De même que la radinerie est un défaut qui entraîne tous les autres, on s'apercevra que telle manière assez écœurante et ridicule de porter sa cigarette correspond impeccablement à toute une psychologie irrémédiable, à toute une brocante de répugnants travers qui ne peuvent racheter l'individu qui s'en prétend victime. J'attends impatiemment le jour où le manichéisme deviendra une science exacte, où les petits détails seront reconnus comme les poissons pilotes des plus dangereux requins du symptomatisme universel. Cette matinée-là ne sera pas trop éloignée, je pense, des crépuscules délicieux, où l'introduction d'un pouce dans un passant de pantalon taille basse provoquera l'écrasement « inexplicable » d'un Boeing japonais surchargé.

 

 


L'homme vaut la peine d'être vécu quand il s'appelle Charlie Chaplin. On peut dire ce qu'on veut de sa poignance. En effet, Chaplin connaît les recettes d'un cœur dégueulasse. Oui ! C'est une ordure, un lacrimaliste, un faux Shakespeare, un faux poète, un « ghetto-clown », un misérabiliste, un psychologue de Bonux, un Christ de labour, un lourdingue corrosif, un roucouleur d'archets fatals. Mais il gagne. Pourquoi ?

 

 

Le paroxysme de la sensualité n'est pas de faire l'amour mais de déposer un peu de peinture à l'huile sur une toile vierge.

 


Il n'y a eu qu'un mort en soixante-huit. C'est Cohn-Bendit, et il vit toujours.

 


Il ne restera rien de l'Amérique.

 

                                                              (Nabe, Chacun mes goûts)

 

 

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