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Marie Dubois

Publié le par Nouvelles du silence



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L'actrice Marie Dubois est morte

Le Monde.fr | 15.10.2014 à 20h39 Par Jacques Mandelbaum

 

D'où venait cette lueur mélancolique qui voilait trop souvent les yeux de cette jeune et jolie actrice blonde ? Pour qui ne le savait pas, la réponse est tombée mercredi 15 octobre, dans l'agglomération de Pau : Marie Dubois est morte à 77 ans, après avoir longtemps souffert d'une sclérose en plaques, tôt déclarée, qui explique a posteriori le progressif effacement de l'actrice dès la fin des années 1970.

Elle s'en expliquait ainsi sur le site Doctissimo, dans un entretien datant du 25 février 2003 : « J'avais 23 ans lorsque la maladie s'est déclarée. C'était après le tournage du film de François Truffaut Tirez sur le pianiste. Heureusement, cette première alerte n'a pas été trop sévère et je me suis empressée de l'oublier ; mais la maladie, elle, ne m'a pas oubliée Elle m'a rattrapée après le tournage de La menace, avec Alain Corneau, quelques vingt ans plus tard. Ces années de répit m'ont permis de mener à bien ma carrière sans que la maladie ne soit omniprésente. »

UN ROMAN DE JACQUES AUDIBERTI

Elle était née Claudine Lucie Pauline Huzé, le 12 janvier 1937, à Paris. Son adoubement cinématographique a lieu avec la Nouvelle vague. Sa première et brève apparition date du Signe du lion (1959), d'Eric Rohmer. On la retrouve chez Jean-Luc Godard au côté d'Anna Karina (Une femme est une femme, 1961). Mais son véritable Pygmalion se nomme François Truffaut. C'est lui qui la remarque à la télévision, lui qui la torture dans un casting où il la pousse, vainement, à l'insulter, lui qui choisit enfin son nom de scène. Celui-ci est emprunté à un roman de Jacques Audiberti, intitulé Marie Dubois et paru en 1952. L'histoire d'un policier obsédé par les femmes mais qui, ne pouvant en posseder aucune, finit par tomber amoureux d'une morte qui les incarne toutes.

Ces motifs si truffaldiens (on croirait la rencontre de L'homme qui aimait les femmes et de La Chambre verte) annoncent en même temps, avec une intuition renversante, le destin de l'actrice. Sa douceur, sa malléabilité, sa gentillesse, sa discrétion, sa propension au registre dramatique de la souffrance. Après Tirez sur le pianiste (1960) et Jules et Jim (1962), elle part vers d'autres horizons esthétiques, alternant les films grand public (Les grandes gueules, de Robert Enrico, 1964 ; La Grande vadrouille, de Gérard Oury, 1966) avec des films plus singuliers (Le voleur, de Louis Malle, 1966 ; Vincent, François Paul et les autres, de Claude Sautet, 1974 ; Mon oncle d'Amérique, d'Alain Resnais, 1980).

Elle ne trouvera que rarement l'occasion de mettre son talent au premier plan, mais il sera néanmoins récompensé par un César de la meilleure actrice dans un second rôle, pour son incarnation surprenante de femme jalouse et machiavélique dans La Menace, d'Alain Corneau (1977).


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