Le Boudha du Wat Sri Chum

A Sukhothai en Thailande, voila le boudha le plus etonnant, le plus emouvant, qu'il m'ait ete donne de voir. Il est enferme entre 4 murs depuis que le toit a disparu, et ne peut s'echapper que par le haut, vers le ciel, - comme il se doit (etrange comme une ruine peut souvent etre plus juste et plus parlante qu'un batiment neuf, Cf Angkor).
Les artistes du XIIIeme siecle ( celui de St Francois d'Assise et de Giotto) ont reussi a lui donner un regard interieur, et non des paupieres fermees comme d'habitude. Meme chose pour le celebre sourire : pas un sourire d'accueil ou de contentement, mais suiveur et temoin de la metamorphose qui s'opere a l'interieur... La main droite, qui semble immense vue d'en bas (la statue mesure 15 m), en position de prise de la terre a temoin (1), est impressionante avec, collees dessus par les adorateurs, les feuilles d'or qui s'ecaillent.
Depuis que le toit s'est effondre, Celui qui est sans peur (Pra Acana, c'est son nom) recoit la pluie et le soleil, il n'est plus le boudha rutilant, dore, choye par les moines des autres temples, mais il est depose la sur la campagne parmi les arbres, solitaire, simple, pauvre et detache, - comme il se doit.

(1) Le Boudha effleure de la main droite la deesse Terre pour la prendre a temoin de la solidite de son eveil, alors qu'il est menace par Mara, le dieu de la mort et de de l'illusion.